7.3.11

Le carnet de bord change de continent...

Bon voila, c'est un peu le désordre, normalement je suis censé boucler la période Brésil avec l'article sur Rio, les photos et tout ça, mais c'est un peu difficile de refermer la page apparemment donc je saute directement à l'étape Amsterdam, et on verra pour la suite.

Donc comme certains le savent déjà, et comme d'autres le découvrent je suis depuis maintenant 1 mois à Amsterdam, dans un appartement que je partage avec 3 potes (B, F et C, pour ne pas les nommer)

Si je devais citer un souvenir marquant, je vous parlerais de mon éclat de rire quand je me retourne sur mon vélo et que je vois Ben galérer avec sa monture à 40€ du marché de Waterloo. Alors oui voila, implicitement ça veut dire : on a des vélos, notre infiltration est maintenant presque parfaite.
Le mien déraille toutes les 5 minutes, mais bon vaut mieux mon vélo que le tramway.

Amsterdam en 2 roues, ça vous change votre vision de la ville. C'est comme si on entrait sur la grille de Tron et qu'on pouvait mourir à n'importe quel moment. Vous pénétrez une caste avec ses codes et ses règlements. Les priorités changent, votre espérance de vie aussi.
Mais bon, ça en vaut la peine, vous pouvez traverser la ville en moins de 15 minutes, vous avez enfin la priorité sur les piétons, et sur les pistes cyclables on pourrait se croire sur l'autoroute avec dépassement par la gauche. Benji a même un système de limitateur de vitesse intégré à son vélo, ses freins touchent la roue arrière. Imparable.

Bon après il fait froid, et il y a souvent une petite brise, du type chaque cm² de peau non couverte est susceptible d'être attaquée. Temps pourri mais bon, on connaissait les termes du contrat. Et puis je trouve que ça va bien avec la ville, bizarrement.

Population locale au top sur tous les plans : ouverture d'esprit, hospitalité, parlage d'anglais, finesse et goût.
En clair personne fait chier personne et tout le monde a l'air peace.

L'amstelldamois est souvent grand, porte des Desert Boots de chez Clarks, un jean raw APC, et un trench Burberry. Il est au top de la mode et il est bien dans ses pompes. Il va au boulot sur un vélo pourri avec un grand sourrire. Après le boulot, l'amstelldamois passe au Café Corner consulter ses mails grace à la connexion wifi gratuite en dégustant en Capuccino minute à 2€30. Il rentre dans son 2 pièces new design flottant sur le canal. L'amstelldamois pourrait sortir faire la fête au quartier rouge, mais le trop plein de touristes anglais venus faire un lèche vitrine un peu particulier le débecte. Il préferera un petit joint accompagné d'un café de Sumatra dont il aura moulu les grains à la main.
L'amstelldamois va regarder les matchs de l'Ajax au Pancake Corner en mangeant les spare ribbs à volonté à 11€90. Il va au cinéma à Rembrandtplein, va faire son shopping au H&M de Leidseplein car il aime y entendre les DJ live qui y mixent.


On pourrait facilement être tenté de rester vivre ici si l'opportunité se présentait, en tout cas.

En attendant je prends des roustes aux échecs, je lis des bouquins sur Wikileaks en me disant que j'ai encore une fois manqué le coche pour participer à la révolution, je prends quelques photos et bois beaucoup de café.

Il est temps que je commence à travailler pour donner à ce séjour une dimension supérieure.

Ici tous les quatre on tire des plans sur la comète. B se voit bien rester ici, F essaye de trouver des failles juridiques dans le système australien pour obtenir un visa pour y retourner, C hésite entre deux écoles de droit aux Etats Unis...
Et moi dans tout ça ? Un an à Montpellier, encore, et l'année prochaine concours Gobelins/Louis Lumière/ENS Photo d'Arles. C'est sans doute comme ça que ça va se passer. 

Comme me l'a fort bien dit quelqu'un qui lira peut etre ces lignes, "Dans un an, il faut que ça explose.", voila, l'objectif est fixé.

Ce n'est pas un article très conséquent ni très inspiré, mais il faut bien se remettre à écrire, la mécanique est un peu rouillée depuis mon retour, ç'est dommage. Il faut croire que la solitude inspire plus qu'aucune expérience exotique.


1.2.11

A toi, société.

Tu l' a vu crever hein, l'homme adultère qu'on caillasse à coups de blocs, comme tes enfants feraient avec des galets à la rivière. Tu as vu le sang couler et l'indétronable logo TF1 flotter à la surface, brillant de sa malsaine candeur. C'est ca que tu aimes voir aux infos ?

Des dauphins qui s'échouent sur les plages, recouverts d'un pétrole qu'on assombrit avec des idées noires. Quand tu vois ta copine recouverte de maquillage, qu'on dirait plus un mur des rues de Harlem qu'un être humain, tu t'es pas dit que tuer des baleines avait jamais rendu beau un thon ?

T'as jamais pensé qu'un compte journalier du nombre de naissances dans le monde te rendrait plus joyeux qu'un décompte du nombre de morts dans le World Trace Center ? Que de compter les morts de famine en Afrique serait plus intéressant que de montrer Johnny en fauteuil roulant, se faisant embrasser par Nikos Aliagas ?

T'aimes la télé, t'aimes idolatrer les loosers ? Ca te réconforte de voir que la médiocrité est enfin adulée quelque part ? Tu t'es pas dit qu'un texto à tes proches valait mieux que les 60 que t'as envoyé pour élire M.Pokora artiste français de l'année ?
Au pire, tente ta chance, y'a peut être encore du plastique à baiser dans les piscines d'M6.

Toi tu t'es toujours dit que la drogue c'était de la merde, mais en attendant, depuis combien de temps tu adules Delarue ? Et puis t'as retourné ta veste... Combien de fois faudra-t-il que tu le fasses pour trouver le bon côté ?
Combien de fois t'as chialé devant ses émissions de prostitution mentale, où se victimiser en direct est devenu un espoir ?

En 2010, nos gladiateurs prennent du prozac, et César porte des RayBan. Du pain et des jeux. De la poudre pour les yeux.

Nos pubs sont devenues des bande-annonces de films pornos, où la sodomie est fournie à l'achat. Pire, bientôt, c'est vous qui la réclamerez.
Depuis combien ton robot épluche banane promotion Auchamps traine au fond de ton placard ?

T'as besoin d'être rassuré ? Pourquoi le chiffre d'affaires de la Française des Jeux explose chaque année alors ? Tu te dis qu'un chanteur de variétés comme Bruel est devenu champion du monde poker en chantant Casser la voix, alors tu tentes de faire pareil ? Combien de mois de salaires tu vas lacher avant de comprendre qu'autour de la table, tu es le pigeon ?

Toi aussi tu penses qu'à la Star Ac, à defaut de savoir chanter tu pourras chier à l'écran et obtenir la présentation d'une émission de merde à 3h du matin sur une chaine de troisième zone ?
Depuis combien de temps t'as décidé de mettre tes rêves en vente sur Ebay ? Depuis combien de temps personne n'a enchéri ?

Tu crois que mettre des vêtements de 12 couleurs différentes fait de toi quelqu'un d'original ? Tu veux vraiment que je te relise le passage sur le maquillage ?

Depuis combien de temps la chance ou la prétention ont remplacé le mérite ?
Combien de fils à papa se sont un jour imaginé le talent d'acteur et sont aujourd'hui à Los Angeles, avec cours d'anglais, de chant, de théatre, depuis des années, et entièrement aux frais de la princesse ? Tout ça pour quoi ? Tu as cru pouvoir trouver du talent par boite de 12 posé entre le PQ et les médocs dans ton supermarché favori ?

Pourquoi Pujadas leur dit pas que le rêve américain est en rupture de stock même sur Amazon ?

Tu te dis encore que chanter Heal the World sous la douche aide plus la cause Haïtienne qu'un don à la Croix Rouge ? Non mais, t'es sérieux ?

Ca fait combien d'années que ton cerveau et ton réveil tombent simultanément en panne ?


Désolé, il fallait que ça sorte.

25.1.11

Avant les problemes - Debriefing des 3 premiers mois

Bon, voila une retranscription de ce que j'écrivais quelques jours avant de rentrer en France pour les fêtes. Voila ce que j'écrivais 1 mois avant de ne pas pouvoir repartir comme prévu. Aujourd'hui si j'avais du écrire le même texte il serait un peu différent, mais ce qui est intéressant est de savoir ce que je pensais à ce moment là.


07/12/10 - Pipa Hostel

Debriefing avant mon allez retour furtif en France pour les fêtes.

Niveau budget, je suis grosso modo dans les cordes. Mes 2 premiers mois à rester à Belem et Macapa m'auront obligé à être plus rapide par la suite, peut être esquiver certaines destinations, mais le fait est que ne pas payer pour le logement me permet aujourd'hui quelques extras non prévus dans le programme original.

Prendre un avion au lieu de faire 20h de bus, aller au restaurant au lieu de manger des CupNoodles, ne pas regarder mon porte feuille quand je sors faire la fête. Entre autres, cela m'a permis d'acquérir les bases en portugais qui me sont si utiles maintenant.

Logiquement, il devrait me rester aux alentours de 2000€ au moment d'attaquer l'Argentine (3000 initialement prévus, mais c'est le prix de mon cadeau surprise à la famille). A priori, cela va se sentir par la suite, mais d'un autre coté j'aurais traversé le plus grand pays, pendant un gros tiers du temps prévu pour le voyage entier, en utilisant un peu plus que la moitié du budget.
Il faut aussi noter que le Brésil est le pays le plus cher donc en allant directement à l'essentiel dans les autres pays, je devrai m'en sortir. Et puis sinon tant pis.

Mon objectif à mon retour de France sera de voir les chutes d'Iguazu, la Patagonie, la Cordillière des Andes, les Salar d'Uyuni et le Machu Picchu, le reste ne sera que bonus. En effet il me semble que j'ai déjà trouvé ce que je suis parti chercher.

Je suis content du chemin parcouru pour l'instant. Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis fier parce que ce n'était pas si difficile. Le plus difficile était de partir. Le plus difficile a été le doute, avant. D'être sur que ce n'était pas une décision stupide.
Même si les débuts ont été difficiles, les questions que je me suis posé à ce moment là étaient les bonnes et m'ont permis d'avancer.
Chaque passage de doutes a été ponctué d'une rencontre qui les a effacés. La rencontre que j'ai faite à Pipa semble avoir dissipé la majorité de ceux qui restaient.

Je sais ce que je veux faire de mes prochaines années : finir d'écrire mon livre, trouver une bonne école de photos, travailler sur un album de musique, si l'inspiration est toujours présente et si j'arrive à bien m'entourer.
Bref beaucoup de projets que j'avais peur d'entreprendre de peur d'échouer.
Désormais j'ai juste envie de me donner ma chance, je n'échouerai pas si je fais les choses avec conviction.

Tout a toujours semblé évident que maintenant que je l'ai compris, ça l'est d'autant plus. On pourra me demander pourquoi j'avais besoin de partir si loin. Je n'ai pas de réponse.
Tout ce que je sais c'est que quel qu'en ait été le prix ce la valait la peine.

Pour moi, à l'intérieur comme à l'extérieur cette première "moitié" de voyage a été bénéfique.
Je pense avoir pris confiance en moi, en ma capacité à aller vers les autres, en ma capacité à m'adapter à différents milieux sociaux, géographiques. En ma capacité à parler, améliorer voire apprendre d'autres langues.
A l'intérieur je suis maintenant un peu plus sur de savoir où je vais, et pourquoi j'y vais. Savoir d'où je viens est surement encore un peu difficile mais je suppose que ça viendra un jour.

Au début je pensais écourter mon voyage parce que je n'étais pas capable d'aller au bout. Aujourd'hui je pense que je peux écourter mon voyage parce que je n'en ai pas besoin.
C'est presque un soulagement de pouvoir écrire ça.

En résumé je suis maintenant sur de ne pas être un lâche. Et ça fait du bien de ne plus avoir ce genre de doutes.
A suivre, le récit des derniers jours du séjour à Rio, avec les photos qui vont avec, et la suite de la suite ce sera le debriefing du debriefing, ou comment on se rend compte qu'en écrivant tout ça, quand on est bloqué à Paris, ça vous donne VRAIMENT très envie de repartir, quelque soit l'argent qu'il reste.

23.1.11

Les textes en vrac

Bon, comme certains le savent, mon périple rencontre des soucis que j'étais loin de pouvoir imaginer, administrativement parlant. Rien de grave pour ma santé, je vous rassure...

En attendant que tout ça se décante, quelques textes en vrac, qui n'ont ni queue, ni tête, peut être pas d'intérêt non plus, mais au moins ça vous fera de la lecture.

En attendant des choses plus sérieuses, on reprend l'écriture.

1
On les a mis sur la route, les chrysantèmes blancs. On a eu peur de ne pas y arriver. On a voulu anticiper.
Personne n'aura a mettre de fleurs sur nos tombes si on échoue. La route est longue, mes amis.
Et s'il faut y aller nous irons. Les abandons ne sont pas impossibles, les échecs, nombreux.
La cadence ? Infernale.
D'un enfer noir et morne toujours plus abyssal sous nos pieds. Le mal gagne du terrain, la gangrène couve sous les flocons.
Et qu'avons nous, hein, qu'avons nous. A peine quelque peu de courage et nos paires de pompes. On fait des ricochets sur le lac du destin mais on a plus beaucoup de pierres plates.
Les nuages arrivent. Il a fait beau, un instant.
L'immense ciel, quel immense ciel. Combien d'anges se sont cachés la. Combien ne sont jamais revenus.
Combien n'arriveront jamais.
Qu'il était grand ce ciel, quand il était habité.
Maintenant nous sommes seuls. Seuls et agards, nos regards en disent long, je crois.
L'histoire recommence, l'histoire meurt et renait ici. L'histoire c'est nous. Si seulement j'avais pu l'oublier.
Marchons, marchons, l'encre coule, affronte l'ocre terre que nous foulons toujours.
Terre batue. Pas nous. Pas encore.
On a voulu vivre pour prouver qu'on vivait, on a voulu mourir, parfois, pour prouver qu'on vivait. Vit-on toujours ?
Et ces sentiers qu'on dévale, ou mennent-ils ? Au sommet, aux bas-fond ? Mettra-t-on un point à cette phrase ?
J'attendais votre visite. Vous avez eu du retard. En fait, vous n'etes jamais venus.
Existez vous vraiment ?
J'attends la sur le parvis d'une porte, celle de ma tête, celle de mon monde.
Je vous attends, je voudrais vous faire visiter l'intérieur du monde à l'envers.
Il n'y a pas plus grande révolution à mener que celle de l'intérieur.
Avant d'entamer la route permettez moi de laisser ici bas les lambeaux de ma mémoire, preuve que ce moi a existé.
Exterminons ce qu'on appela jadis les souvenirs, laissez les mes amis, car ils sont nombreux, les voleurs de rêves.
Ca marche pour vous mademoiselle ? Quel echec se cache derriere des dents blanches ? Combien avez vous eu de cadeau à Noel?
Du feu ? J'ai froid. Ou allons nous ? Plutot none ou putin ? Plutot conne ou catin ?
Combien avez vous tuer d'hommes pour être si belle. Si vous habitiez à New York, joueriez vous de la contrebasse ?
Avance moins vite. Suis moi, fuyons. Stop. Ton prénom c'est ? Pourquoi pas Alice alors ? Tu n'aimes pas Alice ?
Moi non plus, question de sécurité. Détache ta ceinture, nous pourrions mourir. Pourquoi y-a-t-il tatoué Maman sur ta cheville ?
As tu déja joué de la flutte de pan avec des bières vides ?
Elle aime la musique, mais pas trop fort. Le classique. Mozart. Pourquoi ? J'aime, c'est tout, dit-elle.
Parfois elle parle trop. Conscience. Prise de. Parler à l'envers, ça arrive souvent ? Pourquoi elle ?
J'ai trop de questions. Je n'ai pas de pompes. Je n'ai pas les réponses.
Le 0 arrive.
Il va m'entourer de toute son ovalie jusqu'a la suffocation. Maudits chiffres.
Ah, je suis toujours la. Vous m'avez manqué, toujours. Des fois de temps en temps mais jamais moins.
Il est beau ce soleil, un jour ensemble on parlera musique.
Je sais pas ce qu'on écoute sur les étoiles.
Ca fait longtemps qu'on ne les entend plus chanter, les étoiles, ces boites de nuit sans son pour rêveurs sans sou. Sensas

Halte. On marche depuis 25 lignes, pause clope, eau minérale, café noir pour les bleus.
Reformez les rangs. Marche.

Jack heurta soudain une boite orange posée sur une tomate, quand Bob Marley arriva sur un tapis volant.
C'était l'heure du sunday fraise.
Dire que ces deux lignes pourraient offrir un poste de scénariste à Hollywood pour le pékin lambda.
Le monde est injuste. Combien de génies s'étouffent sous le poids des refus ?

Mon esprit saccade a la relecture. Y'a-t-il un équivalent aux sonotones pour les malvoyants ? Des lunettes ?
Quel nom étrange. Porter des lunettes carrées fait il de vous une secrétaire ?
S'il n'y a pas plus con qu'un balet, que penser de Paris Hilton ?
Et si on avait pas inventé le point d'interrogation, pourrait on encore poser des questions ?
Partons du postulat de base qu'il n'a pas été inventé. Fini les questions. Fini les réponses. Le vide. Ordure.

Bob Marley repartit sur son tapis volant.
Suite à une erreur de script involontaire, ce texte reprendra à la ligne 29.
Bob Marley repartit sur son tapis volant.
Suite à une erreur de calcul, ce texte reprendra à la ligne 33.

La ligne 33 n'a été inventé qu'en 2017, suite au 3ème crash boursier d'Oulan Bator, nouvelle capitale de la Mongchininde.
Ce soir là, l'auteur s'était soulé à la Taverne du Dragon Rasta,
bar tenu par un moine tibétain à dread loks en pleine crise d'adolescence.
Histoire tragique.
Ce qui suit est la transcription aussi fidele que possible de cette fameuse page 33.

" Ligne 33.
Ah enfin, ça fait plaisir. Après 5 ans à rien branler il m'a fallu un cocktail double ying yang inversé pour me redonner l'inspiration.
Chere ligne 33, tu es la petite soeur de la ligne 32 qui a déja rendu très fiers tes parents. Tu seras bientot dans le journal, mais rien ne presse. "

Emouvant.
Le reste de la ligne a été censurée pour cause de propos fromageophiles.

2
J'ai couru vite, loin, très loin. J'en ai niqué les semelles de mes pieds.
Ca a fait mal, l'espace d'un instant.
Alors j'ai du marché, quelques bornes, quelques temps, quelle connerie.
Au loin l'horizon du vide m'a fait mal aux yeux. La Terre est ronde, c'était ce qu'on disait.
Avant. Avant le pouvoir.

Maintenant je décide de qui est quoi. Je décide des vérités devenues mensonges.
Je décide de tout. Les semelles de pied, c'est une idée de moi. La Terre plate, des vieillards en soutanes avaient déja soumis l'idée. Moi je l'applique.
Les gens ont pris l'habitude d'aller s'y asseoir, au bord du monde. Voir le coucher de soleil les pieds dans le noir est devenu un luxe. Le monde s'y presse. Moi je n'y vais plus.
J'ai marché dans l'autre sens, je les ai laissés, là, un pied sur Terre et l'autre dans les étoiles.

Il y en a qui sautent, qui disent que c'est une belle mort. Certains espèrent qu'un matin la Terre sera de nouveau ronde pour qu'ils puissent attérir de l'autre coté.
La Terre restera plate. A l'image du monde. A l'image de leur vie.

A l'époque ou je marchais sur l'eau je me suis promené là ou il n'y avait personne.
J'ai trouvé une terre étrange, merveilleuse. Atlantide, disaient-ils. Je l'ai coulée.
Je n'aimais pas le papier peint.

Et puis de solitude en solitude je me suis dégouté de l'eau. L'idée de la Terre plate vient de la.
Quand l'eau aura finie de couler hors de cette croute, y'aura du poisson par terre pour tout le monde.

3

Il y a eu dans ton regard quelque chose qui m'a donné envie de me resservir un verre.
Du coup il y a eu dans mon verre quelque chose qui m'a donné envie de le vider.
La suite n'est qu'évidence.

J'ai bu, tu as bu, les autres aussi mais je ne les voyais pas.
Il n'y avait que vous deux, femmes fatales. Toi et cette bouteille de rouge. J'ai vite compris qu'il faudrait bientot me débarasser de l'une pour conquérir l'autre.
Et puis toi dans ta danse chaloupée, du haut de tes 5g d'alcool, a choisi de choisir pour moi.
D'un geste de la main, tu as provoqué celui de ta jambe, et le spiritueux a rendu l'ame.
La bouteille éclatée par terre ne faisait maintenant plus peur à personne.
Tu rigolais déja.

Tout ce vin rouge sur le sol a eu le même effet que le rouge qu'on agite devant un taureau, à savoir aucun. Ton rire, par contre, a caressé mes tympans avec la délicatesse d'un taureau empalant un torréador. J'ai adoré.
Cette violence en décibelles m'a fait réalisé qu'en volant t'étais si belle.
Et puis t'en as cassé plein d'autres et moi j'ai continué de boire des coups. Les autres  ont réapparu petit à petit, ils avaient le droit, maintenant.

Tu as fini par te cacher dans ces volutes de fumée qu'on envoyait dans l'air. J'étais bien obligé de faire comme tout le monde mais moi j'aurais préféré envoyer autre chose, en l'air.
Quand tu es revenue, je n'y voyais déja plus clair. Mes yeux étaient rouges. On avait du éponger le vin avec. Toi, tes yeux n'avaient pas bougé. Verts, comme ceux que je continuais à vider.
Plus tard les gens ont redisparu, mais par la porte cette fois.

On était presque seuls. J'aurais voulu sentir l'odeur de tes cheveux en léchant délicatement tes gencives.
Même l'inverse même si j'aurais eu l'air con.
J'aurais voulu avoir l'air de quelque chose de bien.
Mais tu m'as regardé, bavant sur une clope, faisant tomber le tabac dans mon verre.
Si tu ne m'avais pas fait de clin d'oeil, j'aurais pu pensé que j'avais encore une chance.
Maintenant je me considérais juste comme une épave, attendant, échoué sur le canap, qu'un remorqueur vienne me ramener à bon port. En réalité j'attendais une remorqueuse.
Mais si je t'avais appelé comme ça tu aurais sans doute préféré me couler pour de bon, moi et ma carcasse pourrie.

Finalement tu as mis fin au balet des bouteilles cassées, tu as enlevé ton tutu d'ivresse, et on a baissé le rideau. Moi j'attendais le rappel. Ou que tu m'appelles.
Finalement ni l'un ni l'autre, ou bien un peu des deux.
Je t'ai regardé dormir, toi tu regardais tes paupières. Quelques heures plus tard on inversait les roles.
Je ne sais pas si c'est l'odeur du café ou celle de ton absence qui m'a réveillé, mais une chose est sure, les deux m'ont parru désagréables.

25.12.10

Fêtes de fin d'année

Un joyeux Noël à tous et une très bonne année !

Désolé, pas beaucoup de mise à jour du site depuis quelques jours mais, comme tout le monde, j'ai des verres à boire, des choses à fêter, et puis un point de chute pour le réveillon du jour de l'an à trouver. 
Bref un programme chargé, et puis, moi aussi j'ai le droit d'être en vacances, non ?

18.12.10

Carnet de Bord - Photos - Salvador de Bahia (suite et fin)

10h00 - Aéroport de Salvador de Bahia - 17 Décembre 2010

Voilà un aéroport de plus à ajouter à ma collection de gares routières et autres lieux de transit.
Plus ça va et plus j'aime ces endroits. Tous les gens se croisent, on se demande sûrement tous d'où on vient et où on va.
La tristesse de quitter le lieu se mêle à l'excitation d'en découvrir un autre. Un pied dans le passé, l'autre dans le futur, et on attend là que le premier daigne rejoindre le second.
J'atteins une étape importante de mon voyage. Je quitte une ville pour laquelle j'ai eu un gros coup de coeur, pour rejoindre celle que tant de gens veulent visiter au moins une fois dans leur vie.
Le genre de cité de tous les rêves, espoirs et dangers, comme pourraient l'être Paris, New York ou Hong Kong.
Naturellement je trépigne d'impatience à l'idée de découvrir ça par moi-même.

Mais revenons à Salvador.
3 jours passés là bas, plus un en bonus quelques jours avant. Toutes les journées ont été intéressantes à des points de vue différents.

Le premier a servi à prendre mes marques, j'ai sympathisé avec un guide du coin avec qui j'ai tapé la discute chaque autre jour.
Ricardo, l'homme qui m'appelait "Monsieur Français" en criant en pleine rue. Difficile de passer inaperçu quand on se voyait, donc.

Le premier jour du "vrai" séjour était le Mardi, jour réputé comme le plus animé de la semaine. Et la ville a répondu présente à sa réputation.
Après le voyage de nuit depuis Lençois, où j'avais encore hérité d'un ronfleur professionnel comme voisin, j'ai passé une bonne partie de la journée à dormir. Mais une fois réveillé, tout s'est enchainé.
18h, messe dans une église du Pelourinho. Je suis en train de finir ma canette (Coca Light, un jour nous nous retrouverons, et ce sera bien) avant d'entrer, quand le prêtre me croise.
"Inglês ?"
"Não, Francês"
"Ah, je connais la France !"
Un prêtre noir, brésilien, qui baragouine le Français, voilà qui est original.
On discute rapidement avant que la messe commence. Il me donne des infos sur les cérémonies de Candomblé, une religion afro-brésilienne, mélange de catholicisme et de spiritisme africain. Dans ce genre de cérémonies, on amène des percussions dans l'Eglise, et il me dit que c'est quelque chose à voir. Mais ce ne sera pas aujourd'hui. J'en prends bonne note.

Je reste une heure dans l'église, puis je rejoins d'autres français sur des marches joignant 2 rues adjacentes, en bas d'une autre église.
On y installe une scène pour un concert gratuit en pleine rue. Très bon.
On attend environ une heure, puis les musiciens commencent à monter sur scène. Ils s'échauffent gentiment sur des rythmes afro-brésiliens. Après quelques minutes un type au look invraisemblable monte sur scène.
Son look est un mélange de soutane et du costume de Travolta dans Saturday Night Fever. Il doit avoir la soixantaine, cheveux blancs et queue de cheval, plume violette au somment du crâne.
S'il n'avait pas eu un trombone et une voix de dingue, on aurait pu penser à un canular.

Et là, tout le monde se lève et plus personne ne se rassira. Les marches se remplissent et bientôt elles deviennent une piste de danse géante.
Tout le monde danse avec tout le monde, sourire aux lèvres, la musique ne s'arrête pas pendant deux heures, même quand une coupure de courant éteint les éclairages publics. Ambiance électrique.
Et quand ils décident de jouer un bon reggae des familles, j'en ai presque les larmes aux yeux tellement ça fait du bien de voir, d'entendre, de vivre ça tout simplement.
Chez les Romains, on apaisait la plèbe avec du pain et des jeux. Le Mardi soir à Salvador, il suffit de quelques bières et de la musique, les locaux feront le reste.
C'est la première fois depuis que je suis au Brésil que je ressens une telle énergie positive comme ce soir là.

Et puis il fallait encore un petit coup de chance puisqu'au détour d'une rue, une fille me saute dessus. 
Je vous vois déjà venir, et non vous n'aurez pas de photos, et non ce n'était pas pour profiter de moi.
C'est Elsa, la française avec qui on voyagé jusqu'à Praia da Pipa avec Mark, son copain Irlandais. Ils avaient décidé d'aller à Olinda, moi à la Chapada Diamentina et à priori on ne devait plus se recroiser avant qu'ils repartent en Europe. Et bien si.
On décide d'aller boire un verre pour fêter ça. Ils sont avec deux anglais, une fille et un mec.
Je ne me méfie pas mais le type est en train de me faire un remake du gay trap de Jericoacoara et je reste donc sur mes gardes par la suite.

On enchaine la fin de soirée dans un bar de Salsa. Une fois dedans, les deux anglais payent leur tournée de Sangria, et, pour être  honnête, je crois que c'était un des trucs les plus infects que j'ai bu de ma vie. On aurait dit de la vinaigrette à salade. A ce niveau là, je crois qu'il aurait presque fallu les remercier de ne pas y avoir ajouter de la moutarde.
Bref, après 2 gorgées, j'ai commandé une bière, investissement bien plus sûr.
Un coude sur le comptoir je prends la température du lieu. Et je ne suis pas déçu.
Déjà, c'est un groupe qui joue en live, et ça fait une sacrée différence. Et encore une fois, tout le monde danse avec tout le monde, ce n'est pas la guerre de la reproduction comme ça pourrait être le cas dans ce genre de bars en Europe. En fait on se croirait dans le clip de Get Busy de Sean Paul. Ces mêmes blacks aux bras énormes, ces mêmes blacks aux fesses et aux seins énormes, et quelques gringos par ci par là qui essayent de tirer leur épingle du jeu.
Moi quand je les vois tous danser, je me résous à aller chercher une autre bière. 

Mark nous gratifie de ses fameux pas de danse venus des highlands dont lui seul a le secret. L'anglais a semble-t-il lâché l'affaire avec moi et s'attaque maintenant à une jolie hollandaise. Il bouffe à tous les râteliers et c'est tant mieux pour lui.
Après trois heures passées dans le bar il est temps de faire les finalement officiels adieux à mes fidèles compagnons de route, qui repartent en Europe le lendemain matin.
Rendez vous pris à Londres, à mon retour, pour passer quelques jours avec Crasy Charlie, l'ougandais au rhum cubain, mon coéquipier à Jeri Gay Fort Boyard, qui vit là bas.

Deuxième jour, je change d'auberge pour rejoindre celle d'Hostelling International, qui est à tous points de vue largement meilleure.
Mais c'est un peu l'usine à touristes là dedans et vu le peu de temps qu'il me reste à passer à Salvador je ne me sens pas obligé d'aller me faire des potes.
Je partage le dortoir avec un allemand qui vit à Sao Paulo, super sympa. Décidément ces allemands me dégoutent à savoir si bien parler anglais.
Bref cette seconde journée sera consacrée au rienfoutage intégral, petites balades dans les rues, j'essaye de faire des repérages pour faire des photos le lendemain.

Le soir je me fais harponner par la serveuse du resto d'à côté, qui veut absolument que j'y vienne manger. Je m'exécute.
La fille est super sympa, on discute pendant que j'attends ma pizza, et elle me dit que si je reviens demain, j'aurais le droit à un plat & prix spéciaux et à une caïpirowska gratuite. 
Manifestement, celle jolie fille sait parler aux hommes. Tout du moins à un client...
A ce moment là le cuistot débarque, me demande si tout était bon. C'est un allemand plutôt baraque, et accessoirement c'est surtout le mari de la serveuse. Ok. 
Je leur promets de revenir le lendemain.

3ème jour.
Matinée occupée à prendre des photos. Mais je suis  choqué de voir tous ces touristes, vieux riches bedonnant, avec la parfaite panoplie calvitie/coups de soleil, polo/bermuda et chaussettes/sandales. Appareils hors de prix en bandoulière, ils mitraillent les locaux comme on le ferait avec des animaux dans un zoo.
Aucun respect, ils ne demandent pas d'autorisation, ne disent pas bonjour ni merci. Ils s'approprient ces gens comme on remplit son assiette dans un self service.
Leur attitude est à gerber et quand je passe derrière eux force est de constater que je loupe des clichés incroyables...

J'ai des envies de meurtre et je décide de sortir des sentiers battus. Une petite rue adjacente à la principale, remplie d'ateliers, sera ma cible.
Sauf qu'un de ces vautours me suit, et menace ma petite entreprise. Je rentre dans un atelier, il me suit encore.
Je fais style de regarder les tableaux, le mec lui va directement shooté le peintre qui travaille là, tous flashs dehors, sans rien dire.
L'artiste cache son visage derrière ses mains.
Le type restera bien 3 minutes appareil braqué, en espérant peut être que l'autre aura une crampe ou quelque chose. Mais non.
Il prend quand même la photo et se barre en marmonnant, comme un gamin à qui on aurait refusé un bonbon.

Moi je reste là dépité, je me dis que je suis encore bon pour faire demi tour en ayant laissé passé l'occasion d'avoir une super photo. 
Et puis en fait le peintre me demande si moi aussi je suis venu faire une photo. Je réponds en portugais et il est tout étonné.
Je lui dis que je voulais en faire une mais que vu comment l'autre connard s'est comporté je me suis résolus à pas la prendre. Il me dit qu'il a l'habitude. 
On discute alors un peu et puis il finit par me dire que si je veux prendre une photo de lui il veut bien prendre la pause. Je suis ravi. Je prends le cliché, le remercie et on se serre la main. 



Malheureusement ce sera une des seules fois où un local acceptera à quelques exceptions près.



Et puis il y a un certain type de misère dans les rues du Pelourinho et même si je prends une ou deux photos pour l'illustrer, rapidement je ne me sens pas à l'aise et je décide de rentrer.


L'après midi, session shopping de souvenirs au Mercado Modelo, sorte de halle où les tous les touristes, dont moi, s'entassent. Mais il est facile de négocier les prix alors j'en profite.

Je dois me lever à 7h le lendemain pour prendre mon avion pour Rio, je prévois donc juste de manger au restaurant de la veille et d'aller me coucher.
Comme convenu, j'ai le droit à un plat & tarifs spéciaux. Je suis le seul client, du coup on passe une partie de la soirée à discuter avec le couple de proprios.
On boit quelques verres ensemble puis je dois rentrer.
Voilà comment s'achève mon séjour Bahiannais.
Je suis maintenant dans l'avion et dans 1h je foulerai la terre de Rio. J'ai hâte.


16.12.10

Carnet de Bord - Pipa, Salvador, Chapada Diamentina, Salvador

J'ai donc fini par mettre un terme à ma conquête des plages de la côte Est. Si Jericoacoara a été un lieu exceptionnel d'un point de vue ambiance et rencontres amicales, Pipa a été un lieu exceptionnel d'un point de vue plages et rencontre fondamentale.
Deux villes différentes où je compte bien revenir un jour avec les ami(e)s pour se la couler douce pendant quelques jours.

Une petite indication en passant, je pense que l'auberge de jeunesse Pipa Hostel est la meilleur qu'il m'ait été donné de fréquenter. Un accueil parfait, une localisation idéale, une piscine, des gens super sympas, une cuisine nickel... C'est comme le Club Med sauf que ça coute seulement 10€ la nuit. Il a été dur de quitter cet endroit et cela rend fades les autres auberges dans lesquelles je suis resté depuis...

J'ai quitté Pipa au petit matin, plus un sous en poche, distributeur fermé, j'ai donc quémander quelques reals pour pouvoir prendre mon bus qu'une espagnole super sympa a bien voulu me donner. Ouf.
On ne reviendra pas sur mes 2 jours à négocier avec les compagnies aériennes brésiliennes pour essayer de leur faire comprendre que ce n'était pas parce que j'étais un gringo qu'il était normal que je paye 3 fois le prix que payerait un brésilien pour aller de Natal à Salvador. Mais le brésilien est têtu, manifestement.
2h de bus pour rallier Natal donc, et ensuite reste à me taper les 20h  de bus officiellement annoncées entre Natal et Salvador, voilà le premier extrait du fameux petit carnet.

Bus pour Salvador - 9 Décembre 2010
Je quitte Pipa sous les nuages après une semaine passée là bas. Après 2h de bus pris au petit matin, je quitte Natal 2h plus tard, sous la pluie, direction Salvador.
L'objectif est périlleux : rallier la capitale Bahianaise à temps pour prendre le bus vers la Chapada Diamentina directement.
Si le bus n'arrive pas dans les délais prévus ça sera encore une journée de plus perdue à cause des transports. C'est le jeu mais le jeu peut s'avérer vraiment cruel.
J'ai fait mes au revoir à Elsa et Marc, le couple avec qui je voyageais depuis Sao Luis. Presque 2 semaines passées ensemble, pour ce type de voyage c'est une éternité.
Je retrouve les joies du voyage en solo mais pour autant mon moral ne s'en retrouve pas affecté.
Il faut dire que maintenant la route est toute tracée puisque j'ai une réservation d'hôtel à Rio pour le 17. J'ai donc 8 jours pour trekker la Chapada Diamentina, explorer Salvador de Bahia et me rendre à Rio. Autant dire qu'il ne faut pas que je traine.
S'il y a bien une chose qui me rend triste en revanche, c'est le temps. Cela fait presque 2 mois et demi que je n'ai pas vu la pluie à quelques épisodes près et depuis que j'ai quitté Pipa elle n'a pas quitté ma route. Il ne m'a pas fallu longtemps pou devenir aussi aigri qu'un Parisien. Mais comme je les comprends, en fait.
Je comprends la chance de vivre à Montpellier, et comme le soleil peut affecter les moeurs.
Quand vous partez au boulot et que vous savez que quoi qu'il arrive en sortant vous pouvez être à la plage en moins de 30 minutes, ça aide à garder le moral.
J'arrive à Salvador avec 2 heures de retard, je louperai donc mon bus pour Lençois.
Mais ce qui occupe mes pensées quand nous atteignons la ville ce n'est pas que pour le 3ème jour consécutif j'ai envie de brûler les transports en commun du Brésil avec un lance flammes artisanal, non c'est plutôt que pour la première fois je vois s'étendre sur des kilomètres, des impressionnantes favelas.
Toutes ces collines à l'entrée de Salvador en sont recouvertes, c'est une image incroyable.
Quand vous regardez Cidade de Deus ou Tropa de Elite, les favelas font peur à cause de la violence qu'on vous montre. Maintenant que je les vois en vrai pour la première fois depuis que je suis au Brésil, les favelas font peur parce qu'elles existent vraiment. Ce que vous voyez dans le film avec cette jolie photographie, ce soleil brillant, diffère beaucoup de l'image qu'elles donnent sous la pluie à travers le carreau d'un bus.
Quand vous voyez pour de vrai sous la pluie cet amoncellement de baraques de briques, sorte de badaboum grandeur nature, vous comprenez que la réalité est différente. Cruelle. Massive.
C'est une ville dans la ville, et je n'ose imaginer la vie que peuvent avoir ces gens là.
On traverse ces endroits pendant de longues minutes, comme si le chauffeur voulait être sur qu'on échappe pas à cette réalité.
Puis on arrive enfin à Salvador, après presque 24h de trajet. Il est 9h du matin, le prochain bus pour Lençois est à 16h30, j'ai donc environ 8h à tuer.
Je laisse mes bagages à la consigne et rejoint le centre historique, dit Pelourinho, en taxi. Je discute pas mal avec le conducteur pendant le trajet, résultat il me laisse sa carte en me disant : "Je t'aime bien, si t'as besoin d'un taxi, tu m'appelles, je te fais moitié prix sur la course." Euh, OK, merci vieux.
Arrivée au Pelourinho, bon feeling avec l'endroit. Un guide me propose une balade et je lui dis que je n'ai pas d'argent. Au final il me fait quand même faire le tour gratos parce que je parle portugais et que pour un touriste c'est rare. Cool donc.
Nombreuses églises, rues pavées qui montent et qui descendent, et puis on descend une grande allée et là le type me dit de me retourner.
" - Tu reconnais l'endroit ? 
- Euh, non...
- Michael Jackson, tu connais ? "
Et là ça fait tilt. Clip de They Don't Care About Us, Michael Jackson avec un t-shirt d'Olodum, le groupe de percussions qui fait la musique du clip. Et bien c'est dans l'allée où je me trouve que ça a été tourné.
Ah ouaih, on dirait pas mais ça fait quelque chose quand même.
Je continue ensuite de me balader seul et puis vers 14h15 je me tente le retour à la gare routière en bus de ville.
Mauvaise idée.
2h plus tard je suis toujours dedans, sans gare routière en ligne de mire. 
Si je loupe mon bus je me mets 60 reals dans l'os et je me tape encore 7h d'attente jusqu'au prochain. Hors de question quoi.
Finalement je sors du bus 10 min avant l'heure de mon bus sauf que j'ai encore une voie rapide à traverser pour atteindre la gare routière. Je prends les passerelles en courant, le petit blanc qui court au milieu de tous les brésiliens qui me regardent sans trop comprendre.
Finalament j'arrive à 16h31 à la plateforme d'embarquement, le conducteur est en train de fermer les soutes à bagages. J'arrive à négocier pour qu'il m'attende le temps que j'aille récupérer mes affaires au dépose bagages. A contre coeur il accèpte. Ouf.
Arrivée à Lençois à minuit, sous la pluie, encore. Il est trop tard pour réserver un trek pour le lendemain, ce sera donc une journée de plus de perdue. Mais bon, la loi des séries, il parait.

Lençois, petite ville franchement assez jolie, calme, au milieu du parc national de la Chapada Diamentina, réputé pour ses paysages, cavernes, grottes et autres chutes d'eau... Sur le papier, ça donne envie.
Sauf que donc mon premier jour, je n'ai rien à faire, et on fait le tour de la ville en 1h... Il n'y a pas de courant dans l'auberge ce jour là. Pas de photoshop, pas de films, pas de Football Manager pour tuer le temps. J'ai déjà lu tous mes bouquins. Il n'y a pas de cyber café. Il pleut. Bref on se fait cruellement chier quoi.
Au final j'essaye de dormir au maximum, et puis je regarde la pluie tomber. Alors le temps passe pas vite, mais bon, l'avantage du temps c'est qu'il s'écoule quoi qu'il arrive donc la fin de journée finit par arriver. 

Auberge de Lençois - 13 Décembre 2010
Dernier jour dans la Chapada Diamentina...
Le temps a été pourri tous les jours, l'auberge est presque insalubre, heureusement l'ambiance a un peu rattrapé tout ça...
Je n'ai donc rien fait le premier jour à cause du bus, deuxième jour, trek d'une journée pour voir différents spots du Nord et de l'Est de la Chapada.
Tout commence sous la pluie. Arrivé au premier endroit le niveau de l'eau est trop haut pour traverser la rivière, on doit donc zaper ce qui était censé être le plus lieu de la journée...
On enchaine sur la montée au sommet d'une falaise qui doit nous permettre de voir l'ensemble de la Chapada sur 360°.
Arrivés en haut la vue est superbe, mais les nuages bas empêchent de bien voir les alentours. Je prends quelques photos tant bien que mal et alors que tout le monde s'extasie, moi ça me rappelle les hauts plateaux de la Lozère, en un petit peu mieux quand même. Quoi qu'il en soit dans les deux lieux le temps est le même.
On s'arrête ensuite pour manger, et on enchaîne sur la visite d'une rivière souterraine qui refait ensuite surface pour forer un lagon d'eau cristalline.
L'endroit est plutot exotique mais si la vue de la caverne d'où émerge la rivière laisse présager le meilleur, le lagon est lui assez banal, d'autant plus que l'eau est en fait assez trouble.
Normal nous dit la guide, à cause de la pluie, un des affluents de la rivière la remplie de sédiments et la rend légèrement marron. Ok.
Certains entreprennent une baignade mais rapidement une grosse averse s'abat de nouveau sur la zone et on est forcés d'aller s'abriter un peu plus loin.
On enchaine ensuite sur un lagon abrité par une caverne. L'eau a la particularité d'être bleu, et la visibilité sous marine, totale. L'agencement du dévert pour y descendre fait que le soleil l'éclaire de façon à former une sorte de croissant de lune bleu turquoise à sa surface.
Pas pendant cette période de l'année, nous dit la guide. De toute façon même si on était à la bonne période, il pleut. Ok bis.
On finit la visite par l'exploration d'une immense grotte.
Pour y accéder on descend le long d'une falaise ocre qui me rappelle les plus belles années d'Indiana Jones. On arrive ensuite à l'entrée de la grotte, sorte d'énorme tunnel s'enfonçant sous le roc.
Encore une fois je suis plutôt déçu, car en dehors de son imposante grandeur, les stalagmites & tites et autres joyeusetés ne sont pas légions. Pas franchement inoubliables non plus.
L'éclairage à l'unique lampe de poche made in Monoprix (ou son équivalent local) ne doit pas aider non plus à apprécier l'architecture.
Honnêtement je pense qu'on peut trouver plus sympa à St Guilhem du désert...
On remonte sous la pluie (mais ai-je encore besoin de le préciser... ?) et on rentre à l'auberge.
Bref pour un trek à 100 reals, j'avoue l'avoir un peu mauvaise, et surtout l'impression d'avoir un peu été pris pour un con, étant donné qu'il a l'air de pleuvoir depuis un moment ici, et qu'il n'aurait pas du être très difficile de se renseigner à l'avance sur l'accessibilité des lieux, et le cas échéant, remplacer certaines visites par d'autres.
J'avais prévu un autre trek aujourd'hui mais il s'agissait de gravir 2 km de dénivelé puis de marcher 4 km sur un plateau pour atteindre une énorme chute d'eau. Sauf que 200 mètres avant d'atteindre l'objectif il y a une rivière à traverser. Vue que la pluie ne s'est pas franchement arrêtée, il n'y pas de raison que celle là soit plus facile à traverser.
Et payer 100 reals de plus pour me taper 12 km de marche allez retour en ayant du faire demi tour à 200 mètres du but est au dessus de mes forces et de mes moyens.
Je ferai donc une balade tout seul, au moins je n'ai pas à payer, ni personne d'autre que moi sur qui pester si je n'atteins pas mon but.
Le lendemain, un des mecs de mon dortoir est revenu le soir du trek que je devais faire. Et comme je l'avais imaginé, ils ont du faire demi tour avant d'atteindre la cascade, et il a passé plus de 4h dans un mini bus pour essayer de trouver une visite à faire, sans succès. 
Pas de regrets donc.
Au final je ne vais pas faire ma mauvaise langue, les paysages sont superbes, et avec du beau temps ils doivent encore prendre une autre ampleur...
Mais vu les efforts consentis pour arriver jusqu'ici, qu'ils soient financiers ou organisationnels, j'étais en droit d'attendre mieux.
Mais bon, tant pis, on ne peut pas avoir de la chance à chaque fois.
Je reprends le bus de nuit pour Salvador, 3 jours à passer là bas, en espérant pouvoir en profiter un peu plus...
Je voyage de nuit avec 3 autres français. L'un d'eux a déjà une auberge sur Salvador, on décide donc de tous s'y installer.
L'auberge n'est pas mal mais sans plus. Je partage une chambre avec un des mecs. Il part le soir même, je devrai donc changer de chambre demain.
Sauf que quand je rentre le soir après une bonne fiesta, je me rends compte que le type est parti en ayant pris le malencontreux soin de boucher les toilettes. Je changerai donc d'auberge à la première heure demain.

Je m'arrête là pour l'instant. A suivre, le compte rendu de cette fameuse première soirée, et puis des 2 journées qui ont suivi.
Je quitte Salvador demain pour Rio, l'apogée de ma traversée du Brésil, peut être.