25.1.11

Avant les problemes - Debriefing des 3 premiers mois

Bon, voila une retranscription de ce que j'écrivais quelques jours avant de rentrer en France pour les fêtes. Voila ce que j'écrivais 1 mois avant de ne pas pouvoir repartir comme prévu. Aujourd'hui si j'avais du écrire le même texte il serait un peu différent, mais ce qui est intéressant est de savoir ce que je pensais à ce moment là.


07/12/10 - Pipa Hostel

Debriefing avant mon allez retour furtif en France pour les fêtes.

Niveau budget, je suis grosso modo dans les cordes. Mes 2 premiers mois à rester à Belem et Macapa m'auront obligé à être plus rapide par la suite, peut être esquiver certaines destinations, mais le fait est que ne pas payer pour le logement me permet aujourd'hui quelques extras non prévus dans le programme original.

Prendre un avion au lieu de faire 20h de bus, aller au restaurant au lieu de manger des CupNoodles, ne pas regarder mon porte feuille quand je sors faire la fête. Entre autres, cela m'a permis d'acquérir les bases en portugais qui me sont si utiles maintenant.

Logiquement, il devrait me rester aux alentours de 2000€ au moment d'attaquer l'Argentine (3000 initialement prévus, mais c'est le prix de mon cadeau surprise à la famille). A priori, cela va se sentir par la suite, mais d'un autre coté j'aurais traversé le plus grand pays, pendant un gros tiers du temps prévu pour le voyage entier, en utilisant un peu plus que la moitié du budget.
Il faut aussi noter que le Brésil est le pays le plus cher donc en allant directement à l'essentiel dans les autres pays, je devrai m'en sortir. Et puis sinon tant pis.

Mon objectif à mon retour de France sera de voir les chutes d'Iguazu, la Patagonie, la Cordillière des Andes, les Salar d'Uyuni et le Machu Picchu, le reste ne sera que bonus. En effet il me semble que j'ai déjà trouvé ce que je suis parti chercher.

Je suis content du chemin parcouru pour l'instant. Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis fier parce que ce n'était pas si difficile. Le plus difficile était de partir. Le plus difficile a été le doute, avant. D'être sur que ce n'était pas une décision stupide.
Même si les débuts ont été difficiles, les questions que je me suis posé à ce moment là étaient les bonnes et m'ont permis d'avancer.
Chaque passage de doutes a été ponctué d'une rencontre qui les a effacés. La rencontre que j'ai faite à Pipa semble avoir dissipé la majorité de ceux qui restaient.

Je sais ce que je veux faire de mes prochaines années : finir d'écrire mon livre, trouver une bonne école de photos, travailler sur un album de musique, si l'inspiration est toujours présente et si j'arrive à bien m'entourer.
Bref beaucoup de projets que j'avais peur d'entreprendre de peur d'échouer.
Désormais j'ai juste envie de me donner ma chance, je n'échouerai pas si je fais les choses avec conviction.

Tout a toujours semblé évident que maintenant que je l'ai compris, ça l'est d'autant plus. On pourra me demander pourquoi j'avais besoin de partir si loin. Je n'ai pas de réponse.
Tout ce que je sais c'est que quel qu'en ait été le prix ce la valait la peine.

Pour moi, à l'intérieur comme à l'extérieur cette première "moitié" de voyage a été bénéfique.
Je pense avoir pris confiance en moi, en ma capacité à aller vers les autres, en ma capacité à m'adapter à différents milieux sociaux, géographiques. En ma capacité à parler, améliorer voire apprendre d'autres langues.
A l'intérieur je suis maintenant un peu plus sur de savoir où je vais, et pourquoi j'y vais. Savoir d'où je viens est surement encore un peu difficile mais je suppose que ça viendra un jour.

Au début je pensais écourter mon voyage parce que je n'étais pas capable d'aller au bout. Aujourd'hui je pense que je peux écourter mon voyage parce que je n'en ai pas besoin.
C'est presque un soulagement de pouvoir écrire ça.

En résumé je suis maintenant sur de ne pas être un lâche. Et ça fait du bien de ne plus avoir ce genre de doutes.
A suivre, le récit des derniers jours du séjour à Rio, avec les photos qui vont avec, et la suite de la suite ce sera le debriefing du debriefing, ou comment on se rend compte qu'en écrivant tout ça, quand on est bloqué à Paris, ça vous donne VRAIMENT très envie de repartir, quelque soit l'argent qu'il reste.

23.1.11

Les textes en vrac

Bon, comme certains le savent, mon périple rencontre des soucis que j'étais loin de pouvoir imaginer, administrativement parlant. Rien de grave pour ma santé, je vous rassure...

En attendant que tout ça se décante, quelques textes en vrac, qui n'ont ni queue, ni tête, peut être pas d'intérêt non plus, mais au moins ça vous fera de la lecture.

En attendant des choses plus sérieuses, on reprend l'écriture.

1
On les a mis sur la route, les chrysantèmes blancs. On a eu peur de ne pas y arriver. On a voulu anticiper.
Personne n'aura a mettre de fleurs sur nos tombes si on échoue. La route est longue, mes amis.
Et s'il faut y aller nous irons. Les abandons ne sont pas impossibles, les échecs, nombreux.
La cadence ? Infernale.
D'un enfer noir et morne toujours plus abyssal sous nos pieds. Le mal gagne du terrain, la gangrène couve sous les flocons.
Et qu'avons nous, hein, qu'avons nous. A peine quelque peu de courage et nos paires de pompes. On fait des ricochets sur le lac du destin mais on a plus beaucoup de pierres plates.
Les nuages arrivent. Il a fait beau, un instant.
L'immense ciel, quel immense ciel. Combien d'anges se sont cachés la. Combien ne sont jamais revenus.
Combien n'arriveront jamais.
Qu'il était grand ce ciel, quand il était habité.
Maintenant nous sommes seuls. Seuls et agards, nos regards en disent long, je crois.
L'histoire recommence, l'histoire meurt et renait ici. L'histoire c'est nous. Si seulement j'avais pu l'oublier.
Marchons, marchons, l'encre coule, affronte l'ocre terre que nous foulons toujours.
Terre batue. Pas nous. Pas encore.
On a voulu vivre pour prouver qu'on vivait, on a voulu mourir, parfois, pour prouver qu'on vivait. Vit-on toujours ?
Et ces sentiers qu'on dévale, ou mennent-ils ? Au sommet, aux bas-fond ? Mettra-t-on un point à cette phrase ?
J'attendais votre visite. Vous avez eu du retard. En fait, vous n'etes jamais venus.
Existez vous vraiment ?
J'attends la sur le parvis d'une porte, celle de ma tête, celle de mon monde.
Je vous attends, je voudrais vous faire visiter l'intérieur du monde à l'envers.
Il n'y a pas plus grande révolution à mener que celle de l'intérieur.
Avant d'entamer la route permettez moi de laisser ici bas les lambeaux de ma mémoire, preuve que ce moi a existé.
Exterminons ce qu'on appela jadis les souvenirs, laissez les mes amis, car ils sont nombreux, les voleurs de rêves.
Ca marche pour vous mademoiselle ? Quel echec se cache derriere des dents blanches ? Combien avez vous eu de cadeau à Noel?
Du feu ? J'ai froid. Ou allons nous ? Plutot none ou putin ? Plutot conne ou catin ?
Combien avez vous tuer d'hommes pour être si belle. Si vous habitiez à New York, joueriez vous de la contrebasse ?
Avance moins vite. Suis moi, fuyons. Stop. Ton prénom c'est ? Pourquoi pas Alice alors ? Tu n'aimes pas Alice ?
Moi non plus, question de sécurité. Détache ta ceinture, nous pourrions mourir. Pourquoi y-a-t-il tatoué Maman sur ta cheville ?
As tu déja joué de la flutte de pan avec des bières vides ?
Elle aime la musique, mais pas trop fort. Le classique. Mozart. Pourquoi ? J'aime, c'est tout, dit-elle.
Parfois elle parle trop. Conscience. Prise de. Parler à l'envers, ça arrive souvent ? Pourquoi elle ?
J'ai trop de questions. Je n'ai pas de pompes. Je n'ai pas les réponses.
Le 0 arrive.
Il va m'entourer de toute son ovalie jusqu'a la suffocation. Maudits chiffres.
Ah, je suis toujours la. Vous m'avez manqué, toujours. Des fois de temps en temps mais jamais moins.
Il est beau ce soleil, un jour ensemble on parlera musique.
Je sais pas ce qu'on écoute sur les étoiles.
Ca fait longtemps qu'on ne les entend plus chanter, les étoiles, ces boites de nuit sans son pour rêveurs sans sou. Sensas

Halte. On marche depuis 25 lignes, pause clope, eau minérale, café noir pour les bleus.
Reformez les rangs. Marche.

Jack heurta soudain une boite orange posée sur une tomate, quand Bob Marley arriva sur un tapis volant.
C'était l'heure du sunday fraise.
Dire que ces deux lignes pourraient offrir un poste de scénariste à Hollywood pour le pékin lambda.
Le monde est injuste. Combien de génies s'étouffent sous le poids des refus ?

Mon esprit saccade a la relecture. Y'a-t-il un équivalent aux sonotones pour les malvoyants ? Des lunettes ?
Quel nom étrange. Porter des lunettes carrées fait il de vous une secrétaire ?
S'il n'y a pas plus con qu'un balet, que penser de Paris Hilton ?
Et si on avait pas inventé le point d'interrogation, pourrait on encore poser des questions ?
Partons du postulat de base qu'il n'a pas été inventé. Fini les questions. Fini les réponses. Le vide. Ordure.

Bob Marley repartit sur son tapis volant.
Suite à une erreur de script involontaire, ce texte reprendra à la ligne 29.
Bob Marley repartit sur son tapis volant.
Suite à une erreur de calcul, ce texte reprendra à la ligne 33.

La ligne 33 n'a été inventé qu'en 2017, suite au 3ème crash boursier d'Oulan Bator, nouvelle capitale de la Mongchininde.
Ce soir là, l'auteur s'était soulé à la Taverne du Dragon Rasta,
bar tenu par un moine tibétain à dread loks en pleine crise d'adolescence.
Histoire tragique.
Ce qui suit est la transcription aussi fidele que possible de cette fameuse page 33.

" Ligne 33.
Ah enfin, ça fait plaisir. Après 5 ans à rien branler il m'a fallu un cocktail double ying yang inversé pour me redonner l'inspiration.
Chere ligne 33, tu es la petite soeur de la ligne 32 qui a déja rendu très fiers tes parents. Tu seras bientot dans le journal, mais rien ne presse. "

Emouvant.
Le reste de la ligne a été censurée pour cause de propos fromageophiles.

2
J'ai couru vite, loin, très loin. J'en ai niqué les semelles de mes pieds.
Ca a fait mal, l'espace d'un instant.
Alors j'ai du marché, quelques bornes, quelques temps, quelle connerie.
Au loin l'horizon du vide m'a fait mal aux yeux. La Terre est ronde, c'était ce qu'on disait.
Avant. Avant le pouvoir.

Maintenant je décide de qui est quoi. Je décide des vérités devenues mensonges.
Je décide de tout. Les semelles de pied, c'est une idée de moi. La Terre plate, des vieillards en soutanes avaient déja soumis l'idée. Moi je l'applique.
Les gens ont pris l'habitude d'aller s'y asseoir, au bord du monde. Voir le coucher de soleil les pieds dans le noir est devenu un luxe. Le monde s'y presse. Moi je n'y vais plus.
J'ai marché dans l'autre sens, je les ai laissés, là, un pied sur Terre et l'autre dans les étoiles.

Il y en a qui sautent, qui disent que c'est une belle mort. Certains espèrent qu'un matin la Terre sera de nouveau ronde pour qu'ils puissent attérir de l'autre coté.
La Terre restera plate. A l'image du monde. A l'image de leur vie.

A l'époque ou je marchais sur l'eau je me suis promené là ou il n'y avait personne.
J'ai trouvé une terre étrange, merveilleuse. Atlantide, disaient-ils. Je l'ai coulée.
Je n'aimais pas le papier peint.

Et puis de solitude en solitude je me suis dégouté de l'eau. L'idée de la Terre plate vient de la.
Quand l'eau aura finie de couler hors de cette croute, y'aura du poisson par terre pour tout le monde.

3

Il y a eu dans ton regard quelque chose qui m'a donné envie de me resservir un verre.
Du coup il y a eu dans mon verre quelque chose qui m'a donné envie de le vider.
La suite n'est qu'évidence.

J'ai bu, tu as bu, les autres aussi mais je ne les voyais pas.
Il n'y avait que vous deux, femmes fatales. Toi et cette bouteille de rouge. J'ai vite compris qu'il faudrait bientot me débarasser de l'une pour conquérir l'autre.
Et puis toi dans ta danse chaloupée, du haut de tes 5g d'alcool, a choisi de choisir pour moi.
D'un geste de la main, tu as provoqué celui de ta jambe, et le spiritueux a rendu l'ame.
La bouteille éclatée par terre ne faisait maintenant plus peur à personne.
Tu rigolais déja.

Tout ce vin rouge sur le sol a eu le même effet que le rouge qu'on agite devant un taureau, à savoir aucun. Ton rire, par contre, a caressé mes tympans avec la délicatesse d'un taureau empalant un torréador. J'ai adoré.
Cette violence en décibelles m'a fait réalisé qu'en volant t'étais si belle.
Et puis t'en as cassé plein d'autres et moi j'ai continué de boire des coups. Les autres  ont réapparu petit à petit, ils avaient le droit, maintenant.

Tu as fini par te cacher dans ces volutes de fumée qu'on envoyait dans l'air. J'étais bien obligé de faire comme tout le monde mais moi j'aurais préféré envoyer autre chose, en l'air.
Quand tu es revenue, je n'y voyais déja plus clair. Mes yeux étaient rouges. On avait du éponger le vin avec. Toi, tes yeux n'avaient pas bougé. Verts, comme ceux que je continuais à vider.
Plus tard les gens ont redisparu, mais par la porte cette fois.

On était presque seuls. J'aurais voulu sentir l'odeur de tes cheveux en léchant délicatement tes gencives.
Même l'inverse même si j'aurais eu l'air con.
J'aurais voulu avoir l'air de quelque chose de bien.
Mais tu m'as regardé, bavant sur une clope, faisant tomber le tabac dans mon verre.
Si tu ne m'avais pas fait de clin d'oeil, j'aurais pu pensé que j'avais encore une chance.
Maintenant je me considérais juste comme une épave, attendant, échoué sur le canap, qu'un remorqueur vienne me ramener à bon port. En réalité j'attendais une remorqueuse.
Mais si je t'avais appelé comme ça tu aurais sans doute préféré me couler pour de bon, moi et ma carcasse pourrie.

Finalement tu as mis fin au balet des bouteilles cassées, tu as enlevé ton tutu d'ivresse, et on a baissé le rideau. Moi j'attendais le rappel. Ou que tu m'appelles.
Finalement ni l'un ni l'autre, ou bien un peu des deux.
Je t'ai regardé dormir, toi tu regardais tes paupières. Quelques heures plus tard on inversait les roles.
Je ne sais pas si c'est l'odeur du café ou celle de ton absence qui m'a réveillé, mais une chose est sure, les deux m'ont parru désagréables.