10h00 - Aéroport de Salvador de Bahia - 17 Décembre 2010
Voilà un aéroport de plus à ajouter à ma collection de gares routières et autres lieux de transit.
Plus ça va et plus j'aime ces endroits. Tous les gens se croisent, on se demande sûrement tous d'où on vient et où on va.
La tristesse de quitter le lieu se mêle à l'excitation d'en découvrir un autre. Un pied dans le passé, l'autre dans le futur, et on attend là que le premier daigne rejoindre le second.
J'atteins une étape importante de mon voyage. Je quitte une ville pour laquelle j'ai eu un gros coup de coeur, pour rejoindre celle que tant de gens veulent visiter au moins une fois dans leur vie.
Le genre de cité de tous les rêves, espoirs et dangers, comme pourraient l'être Paris, New York ou Hong Kong.
Naturellement je trépigne d'impatience à l'idée de découvrir ça par moi-même.
Mais revenons à Salvador.
3 jours passés là bas, plus un en bonus quelques jours avant. Toutes les journées ont été intéressantes à des points de vue différents.
Le premier a servi à prendre mes marques, j'ai sympathisé avec un guide du coin avec qui j'ai tapé la discute chaque autre jour.
Ricardo, l'homme qui m'appelait "Monsieur Français" en criant en pleine rue. Difficile de passer inaperçu quand on se voyait, donc.
Le premier jour du "vrai" séjour était le Mardi, jour réputé comme le plus animé de la semaine. Et la ville a répondu présente à sa réputation.
Après le voyage de nuit depuis Lençois, où j'avais encore hérité d'un ronfleur professionnel comme voisin, j'ai passé une bonne partie de la journée à dormir. Mais une fois réveillé, tout s'est enchainé.
18h, messe dans une église du Pelourinho. Je suis en train de finir ma canette (Coca Light, un jour nous nous retrouverons, et ce sera bien) avant d'entrer, quand le prêtre me croise.
"Inglês ?"
"Não, Francês"
"Ah, je connais la France !"
Un prêtre noir, brésilien, qui baragouine le Français, voilà qui est original.
On discute rapidement avant que la messe commence. Il me donne des infos sur les cérémonies de Candomblé, une religion afro-brésilienne, mélange de catholicisme et de spiritisme africain. Dans ce genre de cérémonies, on amène des percussions dans l'Eglise, et il me dit que c'est quelque chose à voir. Mais ce ne sera pas aujourd'hui. J'en prends bonne note.
Je reste une heure dans l'église, puis je rejoins d'autres français sur des marches joignant 2 rues adjacentes, en bas d'une autre église.
On y installe une scène pour un concert gratuit en pleine rue. Très bon.
On attend environ une heure, puis les musiciens commencent à monter sur scène. Ils s'échauffent gentiment sur des rythmes afro-brésiliens. Après quelques minutes un type au look invraisemblable monte sur scène.
Son look est un mélange de soutane et du costume de Travolta dans Saturday Night Fever. Il doit avoir la soixantaine, cheveux blancs et queue de cheval, plume violette au somment du crâne.
S'il n'avait pas eu un trombone et une voix de dingue, on aurait pu penser à un canular.
Et là, tout le monde se lève et plus personne ne se rassira. Les marches se remplissent et bientôt elles deviennent une piste de danse géante.
Tout le monde danse avec tout le monde, sourire aux lèvres, la musique ne s'arrête pas pendant deux heures, même quand une coupure de courant éteint les éclairages publics. Ambiance électrique.
Et quand ils décident de jouer un bon reggae des familles, j'en ai presque les larmes aux yeux tellement ça fait du bien de voir, d'entendre, de vivre ça tout simplement.
Chez les Romains, on apaisait la plèbe avec du pain et des jeux. Le Mardi soir à Salvador, il suffit de quelques bières et de la musique, les locaux feront le reste.
C'est la première fois depuis que je suis au Brésil que je ressens une telle énergie positive comme ce soir là.
Et puis il fallait encore un petit coup de chance puisqu'au détour d'une rue, une fille me saute dessus.
Je vous vois déjà venir, et non vous n'aurez pas de photos, et non ce n'était pas pour profiter de moi.
C'est Elsa, la française avec qui on voyagé jusqu'à Praia da Pipa avec Mark, son copain Irlandais. Ils avaient décidé d'aller à Olinda, moi à la Chapada Diamentina et à priori on ne devait plus se recroiser avant qu'ils repartent en Europe. Et bien si.
On décide d'aller boire un verre pour fêter ça. Ils sont avec deux anglais, une fille et un mec.
Je ne me méfie pas mais le type est en train de me faire un remake du gay trap de Jericoacoara et je reste donc sur mes gardes par la suite.
On enchaine la fin de soirée dans un bar de Salsa. Une fois dedans, les deux anglais payent leur tournée de Sangria, et, pour être honnête, je crois que c'était un des trucs les plus infects que j'ai bu de ma vie. On aurait dit de la vinaigrette à salade. A ce niveau là, je crois qu'il aurait presque fallu les remercier de ne pas y avoir ajouter de la moutarde.
Bref, après 2 gorgées, j'ai commandé une bière, investissement bien plus sûr.
Un coude sur le comptoir je prends la température du lieu. Et je ne suis pas déçu.
Déjà, c'est un groupe qui joue en live, et ça fait une sacrée différence. Et encore une fois, tout le monde danse avec tout le monde, ce n'est pas la guerre de la reproduction comme ça pourrait être le cas dans ce genre de bars en Europe. En fait on se croirait dans le clip de Get Busy de Sean Paul. Ces mêmes blacks aux bras énormes, ces mêmes blacks aux fesses et aux seins énormes, et quelques gringos par ci par là qui essayent de tirer leur épingle du jeu.
Moi quand je les vois tous danser, je me résous à aller chercher une autre bière.
Mark nous gratifie de ses fameux pas de danse venus des highlands dont lui seul a le secret. L'anglais a semble-t-il lâché l'affaire avec moi et s'attaque maintenant à une jolie hollandaise. Il bouffe à tous les râteliers et c'est tant mieux pour lui.
Après trois heures passées dans le bar il est temps de faire les finalement officiels adieux à mes fidèles compagnons de route, qui repartent en Europe le lendemain matin.
Rendez vous pris à Londres, à mon retour, pour passer quelques jours avec Crasy Charlie, l'ougandais au rhum cubain, mon coéquipier à Jeri Gay Fort Boyard, qui vit là bas.
Deuxième jour, je change d'auberge pour rejoindre celle d'Hostelling International, qui est à tous points de vue largement meilleure.
Mais c'est un peu l'usine à touristes là dedans et vu le peu de temps qu'il me reste à passer à Salvador je ne me sens pas obligé d'aller me faire des potes.
Je partage le dortoir avec un allemand qui vit à Sao Paulo, super sympa. Décidément ces allemands me dégoutent à savoir si bien parler anglais.
Bref cette seconde journée sera consacrée au rienfoutage intégral, petites balades dans les rues, j'essaye de faire des repérages pour faire des photos le lendemain.
Le soir je me fais harponner par la serveuse du resto d'à côté, qui veut absolument que j'y vienne manger. Je m'exécute.
La fille est super sympa, on discute pendant que j'attends ma pizza, et elle me dit que si je reviens demain, j'aurais le droit à un plat & prix spéciaux et à une caïpirowska gratuite.
Manifestement, celle jolie fille sait parler aux hommes. Tout du moins à un client...
A ce moment là le cuistot débarque, me demande si tout était bon. C'est un allemand plutôt baraque, et accessoirement c'est surtout le mari de la serveuse. Ok.
Je leur promets de revenir le lendemain.
3ème jour.
Matinée occupée à prendre des photos. Mais je suis choqué de voir tous ces touristes, vieux riches bedonnant, avec la parfaite panoplie calvitie/coups de soleil, polo/bermuda et chaussettes/sandales. Appareils hors de prix en bandoulière, ils mitraillent les locaux comme on le ferait avec des animaux dans un zoo.
Aucun respect, ils ne demandent pas d'autorisation, ne disent pas bonjour ni merci. Ils s'approprient ces gens comme on remplit son assiette dans un self service.
Leur attitude est à gerber et quand je passe derrière eux force est de constater que je loupe des clichés incroyables...
J'ai des envies de meurtre et je décide de sortir des sentiers battus. Une petite rue adjacente à la principale, remplie d'ateliers, sera ma cible.
Sauf qu'un de ces vautours me suit, et menace ma petite entreprise. Je rentre dans un atelier, il me suit encore.
Je fais style de regarder les tableaux, le mec lui va directement shooté le peintre qui travaille là, tous flashs dehors, sans rien dire.
L'artiste cache son visage derrière ses mains.
Le type restera bien 3 minutes appareil braqué, en espérant peut être que l'autre aura une crampe ou quelque chose. Mais non.
Il prend quand même la photo et se barre en marmonnant, comme un gamin à qui on aurait refusé un bonbon.
Moi je reste là dépité, je me dis que je suis encore bon pour faire demi tour en ayant laissé passé l'occasion d'avoir une super photo.
Et puis en fait le peintre me demande si moi aussi je suis venu faire une photo. Je réponds en portugais et il est tout étonné.
Je lui dis que je voulais en faire une mais que vu comment l'autre connard s'est comporté je me suis résolus à pas la prendre. Il me dit qu'il a l'habitude.
On discute alors un peu et puis il finit par me dire que si je veux prendre une photo de lui il veut bien prendre la pause. Je suis ravi. Je prends le cliché, le remercie et on se serre la main.
Malheureusement ce sera une des seules fois où un local acceptera à quelques exceptions près.
Et puis il y a un certain type de misère dans les rues du Pelourinho et même si je prends une ou deux photos pour l'illustrer, rapidement je ne me sens pas à l'aise et je décide de rentrer.
L'après midi, session shopping de souvenirs au Mercado Modelo, sorte de halle où les tous les touristes, dont moi, s'entassent. Mais il est facile de négocier les prix alors j'en profite.
Je dois me lever à 7h le lendemain pour prendre mon avion pour Rio, je prévois donc juste de manger au restaurant de la veille et d'aller me coucher.
Comme convenu, j'ai le droit à un plat & tarifs spéciaux. Je suis le seul client, du coup on passe une partie de la soirée à discuter avec le couple de proprios.
On boit quelques verres ensemble puis je dois rentrer.
Voilà comment s'achève mon séjour Bahiannais.
Je suis maintenant dans l'avion et dans 1h je foulerai la terre de Rio. J'ai hâte.
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