24.10.10

Carnet de Bord - Avant ouverture du blog (partie 2/2)

Mardi 5 Octobre - Macapa

" L'évènement culturo-culinaire de la semaine pour les chanceux habitants de Macapa, j'ai préparé une ratatouille façon maman Simon, qui a ravi plus d'une papille.
Je me sens presque chez moi ici maintenant... Je comprends a peu près bien le portugais, mais ne le parle toujours pas.
Je parle politique en espagnol avec César, musique en français avec Alexandre, de tout avec Amélie. 
Je me lâche niveau courses, viandes et légumes au programme, n'hésitez pas, ça ne coute pas cher. Ici on peut en manger à tous les repas (sans compter le reste) et ca ne vous couterai pas plus de 100 reals (45€) pour une semaine...

Bref je me suis remis aux marmites et ça me rappelle un peu la maison. Heureusement ma fidèle flemme est toujours bien présente, et pour cela je remercie le Brésil pour avoir mis à ma disposition, dans l'épicerie adjacente à l'appartement d'Amélie, des Cup Noodles de toutes sortes qui coutent moins de 80 centimes d'euro pièce...
Si j'étais encore un geek et que Macapa disposait de bonnes connections internet, nul doute que je serais ici au paradis des nolife.

Pour le reste je vais surement réaliser le design de la pochette de l'album d'Alexandre. Il bosse depuis 1 an dessus, c'est de la bonne musique, bien réalisée. Il lui manque une pochette originale qui ne lui coute pas des mille et des cents. Echange de bons procédés, je travaille gratos. J'espère juste ne pas le décevoir. Il a déjà tellement fait pour moi ici.

Nous partons Vendredi soir avec lui et César pour l'archipel de Bailique, à 8h de bateau de Macapa. César parle de ce lieu comme "le second lieu le plus incroyable d'Amérique Latine après la cordillère des Andes". Autant dire que j'attends de voir ça avec impatience.

Amélie a des horaires qui confinent au n'importe quoi. Vous voulez être exploités ? Obtenez un statut VIA / VIE et venez travailler pour les Français au Brésil... Bref, en ce moment je ne la vois pas souvent et c'est dommage.

Enfin ici je vis sans téléphone, sans montre, sans internet, et en fait tout ça ne manque pas, ou presque. 
Pour le téléphone, on se donne rendez vous et on s'y tient (ce qui me vaut souvent plusieurs dizaines de minutes à poireauter dans la rue, mais bon...), pour la montre on dit avant ou après le coucher de soleil, pour internet... je n'ai pas encore trouvé de solution, je le concède. Mais comme quoi il est possible de vivre sans ce qu'on pourrait considérer comme indispensable chez nous... C'est bête à dire mais intéressant à constater dans les faits. "


Vendredi 8 Octobre - Attente du départ sur le bateau pour Bailique

" Je suis sur la bateau pour Bailique.
Nous attendons la marée pour pouvoir partir. C'est le début de l'aventure.
Nombre de hamacs peuplent mon panorama. Le bateau d'à coté passe une musique assourdissante qu'on appelle Brega. Il n'est pas facile de pouvoir parler à Cesar et Alexandre, mes compagnons de route.
Une caisse isothèrme remplie de bières à ma gauche, un paquet de cigarettes à ma droite, les étoiles d'un ciel limpide au zenith, un mal de mer latent comme épée de Damoclès, tel est mon environnement à l'heure de partir pour mon premier vrai dépaysement brésilien.
C'est l'heure d'oublier le confort d'un lit, de toilettes propres, d'une cuisine saine, de fréquentations pleines de sécurité. Car nous rentrons maintenant en milieu hostile : l'Amazonie.
Jungles, faune, flore, moustiques, pas de voitures, pas de routes, pas de réseau. Un appareil photo comme arme, l'espoire comme gilet parre balle.
L'impression nouvelle d'enfin vivre le dangereux exotisme pour lequel je suis parti.
Croisons les doigts, touchons du bois, peut être que quand nous rentrerons, une mince partie de moi aura déjà commencé à changer. C'est tout le mal que je me souhaite. Encore une fois la pensée qui me vient à l'esprit est qu'il va être difficile de quitter cet endroit et les si bonnes personnes qui le peuplent. "


Jeudi 14 Octobre - Macapa

" Bailique a tenu ses promesses. Il y a une énergie en ce lieu qu'il n'est pas commun de rencontrer ailleurs.
Commençons par le commencement, le voyage en bateau a été horrible. Je me suis endormi à la belle étoile parce que bourré à la bière à l'aller. Le bateau a quitté Macapa a 2h du matin. Je me suis endormi à 3h. Réveillé à 6h30 par une brise matinale glaciale. Je rejoins mon hamac en rampant tellement il y a de monde.
Alexandre a pris mon duvet, traitre. Il reste environ 5h de trajet, je suis encore saoul, le bateau tangue beaucoup et quand je m'allonge dans mon hamac, il prend la facheuse tendance à se balancer à des altitudes révolutionnaires. Je parviens à m'endormir par miracle. Réveillé 3h plus tard par Alexandre qui me demande si je veux une bière, je lui réponds non, puis une grosse envie de vomir monte, autour de moi le périmètre est bouclé : si je vomis, c'est sur moi ou sur quelqu'un, il n'y a plus d'échappatoire. 
Je ne sais pas si vous avez déjà vomi en ayant été obligé de ravaler la mixture avant qu'elle ne quitte votre bouche. C'est une expérience renversante. Surtout quand vous le faites deux fois en moins de 3 minutes.
Bref le trajet en bateau a été un calvaire total.

Pour le reste, Bailique ce n'est pas beau, ce n'est pas fantasmagorique, les singes ne vous lancent pas de noix de coco et on ne croise pas de crocodiles.
Mais Bailique ça vous prend aux tripes parce que c'est la vie dans sa plus simple forme. Pas d'électricité, pas d'eau potable ou presque, pas de rues.
On se lave dans l'Amazone, on s'y baigne, on y lave son linge. Et même si l'eau est boueuse, même si on se demande si on va pas se faire bouffer par quelque chose, se baigner dans l'amazone c'est une expérience bizarre.

Quand on se baigne dans une piscine à Montpellier, pour la majorité des lecteurs de ce blog, cela paraîtra normal. Mais quand vous vous baignez dans les eaux du plus grand fleuve du monde, c'est à ce moment là que vous réalisez que vous êtes ailleurs, plus loin. Je crois que c'est ma première véritable prise de conscience depuis que je suis parti. « Ah ouaih, tiens je me baigne dans l'Amazone, tu sais le fleuve que quand t'es en Europe et que tu regardes une carte, tu mets le doigt sur un truc bleu et tu dis : c'est la »
Bref, une expérience déroutante. Pour le reste, comme prévu, les gens qui n'ont rien sont ceux qui vous offrent tout. Gite, couvert, contacts avec les autochtones...

Deux rencontres fortes : le pasteur de l'église evangeliste de Bailique. Un mec tout petit qui ressemblerait presque à un Mexicain. Il est plus petit que moi, sisi c'est possible. Ce type n'a presque jamais parlé autant que je m'en souvienne, mais il n'en avait pas besoin. Un charisme incroyable, une présence lourde et pesante, comme habité par une puissance qu'on ne peut que ressentir à l'extérieur. Je l'ai vu sourir à quelqu'un une seule fois en 4 jours, c'est quand il m'a dit au revoir, et ça m'a beaucoup touché.

La deuxième personne est un pêcheur pas plus grand que le pasteur, père de famille et chef d'une communauté d'une 30aine de personne dans les autres iles de Bailique.
Le genre d'homme qui fait l'allez retour en bateau entre Bailique et Macapa toutes les semaines juste pour acheter du poulet à sa famille, qui vous invite à manger chez lui, et qui vous cuisine un de ces poulets. Une générosité incroyable, une sagesse infinie. Cela fait 52 ans qu'il vit dans sa communauté, il pêche 4 tonnes de poisson tous les mois, bref un type bien.

Nous avons vécu 4 jours inoubliables là bas, à vivre, dormir, manger, se laver sur le bateau qui nous y a amené et ramené, bouffé de toutes parts par les moustiques, mais heureux d'être réveillés chaque matin par le reflet du soleil sur un fleuve dont vous ne pouvez pas imaginer l'immensité.
Nul doute que si vous devez aller au Brésil dans le secteur de Macapa ou de Belem, il faut VRAIMENT, aller y passer quelques jours. "

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